Sunday, April 13, 2008

Vantage Point


Je n’étais pas allé au cinoche depuis au moins 7 jours alors je me suis dit allons donc voir une marde.

Mon choix s’est arrêté sur Vantage Point.

Vantage Point de Pete Travis est un film qui sous ses allures ambitieux et maitrisés n’est rien d’autre qu’un thriller mal foutu, très mal écrit et platement mis en scène.
Le problème avec les thrillers ou films policier américains de nos jours c’est que depuis la série 24, tout doit être rapide, bien orchestré et haletant. Le spectateur en demande toujours plus et souvent, comme c’est le cas ici, toute logique est laissée au vestiaire au dépend de pivots scénaristiques qui ne tiennent pas la route ou de rebondissements surprises stupides et inutiles. Comme si on se disait qu’en donnant au film un rythme effréné personne ne s’apercevra de l’incohérence de son ensemble. Plus souvent qu’autrement et c’est encore le cas ici, l’incohérence est dû à la médiocrité de la mise en scène puisque le réalisateur n’y voit aucune erreurs de logique dans son récit et est convaincu qu’il a entre les mains les clés d’une intrigue béton et que sa réalisation aussi plate ou exceptionnelle soit-elle ne parviendra jamais à mettre en doute la qualité de l’intrigue et la frénésie de son suspense.
L’histoire du film se déroule en Espagne durant un sommet quelconque pour la paix et où le Président des U.S. of A. vient y faire un discours pro-paix dans le monde. Le film multiplie les points de vue de différents personnages suite à la tentative d’assassinat sur le Président allant même jusqu’à y montrer le point de vue du Président lui-même. Le but du film est donc de recréer Rashomon-style, la même scène sous différents angles et ainsi donner au spectateur, petit à petit, la clé de l’intrigue et ainsi construire un suspense autour des personnages qui évidement, ne sont pas ce qu’ils semblent être.
Parlons-en des personnages. Le film fonde son suspense sur le racisme puisque tous les personnages européens sont de possible terroriste. Ils sont tous filmé avec un espèce de sous-entendu qui dit : C’est peut-être lui, le méchant! Ils sont tous ténébreux, mystérieux, étranges, le teint basané, on les filme au ralenti pour être sur que le spectateur identifie cet espagnol ou cet arménien. Alors que tout les américains y compris l’afro-américain Forrest Whitaker sont dès leur première apparition à l’écran, montrés tel qu’ils sont : un touriste, deux gardes du corps, un président et une réalisatrice de télé. Aucun doute sur leur identité, ils sont tels qu’ils sont : des américains respectables faisant leur travail. Dès l’installation de ses personnages on sait que l’on est dans un film qui multipliera les rebondissements aussi peu surprenant soient-ils.
La premier point de vue du film est assez réussi puisqu’il commence frénétiquement et entre assez rapidement dans l’action. On a droit à une scène de description du personnage joué par Dennis Quaid via des images d’archives sur la bravoure de ses actes passés et qui ne sert ABSOLUMENT à rien. Mais elle ne dérange pas nécessairement le récit donc on ferme les yeux sur cette scène qui sert de remplissage et qui aurait dû se retrouver dans les scènes coupés du DVD. Le problème est et il est énorme, c’est que la scène se termine avec la révélation d’un élément extrêmement important que le réalisateur décide de ne pas nous révéler. Le réalisateur décide donc de jouer avec les informations pour que chaque point de vue se termine par une chute scénaristique comme s’il s’agissait d’une série télé où le spectateur doit retenir son enthousiasme jusqu’au prochain épisode, dans ce cas-ci le prochain point de vue. C’est à ce moment que l’on comprend que le réalisateur n’est pas honnête avec nous et les informations qu’il est supposé révéler. C‘est aussi à ce moment que l’on comprend que la soi-disant originalité des points de vue ne sera pas respecté.
Le film recommence avec un autre personnage et un autre personnage jusqu’au dénouement final. Jusqu’à ce qu’on comprenne les enjeux, de cet attentat (pas vraiment), les pions ainsi que les joueurs. Le sentiment qui s’en dégage est que Travis n’a aucune idée comment multiplier les points de vue ce qui nous donne toujours les même plans, comme si on n’avait pas assez filmé d’images pour rapiécer ou joindre les différents segments. Ce qui donne une allure de mauvaise série télé ou de série télé un peu désuète dans son exécution.
Mais là où le bas blesse c’est que Travis ne s’assume pas jusqu’au bout. Le film commence avec le point de vue de certain personnage et ce même si le réalisateur est malhonnête dans sa façon de nous révéler l’intrigue pour ensuite laisser tomber son idée de départ et donner dans son dernier segment, le point de vue de personne ou de n’importe qui, c’est un peu dur à savoir.
Le film se termine par une poursuite automobile pas très crédible. C’est assez insultant de voir deux voitures se poursuivre sur les routes étroites d’une ville remplie de piétons en panique à cause d’une tentative d’assassinat pendant un sommet où gardiens de sécurités et policiers de toutes sorte devraient en principe barrer les rues environnantes.
À la toute fin, Travis essaie de racheter ses propos racistes en incluant auprès des méchants, un des américains (je ne dévoile rien du film puisque tout est dans la bande annonce, il suffit d’être attentif). Il nous montre également que les américains sont des gens biens qui dans une situation extrême sont prêt à tout pour aider la veuve et l’orphelin, que le président est un humain près du peuple et ne voulant en aucun cas décevoir ses citoyens.
Travis nous montre également que les terroristes sont prêts à tout pour arriver à leur fin. Ils nous sert des méchants de pacotilles très intelligents, laissant des dommages collatéraux un peu partout sur leur chemin, assoiffés d’une vengeance quelconque, tuant un et l’autre mais ne sachant quoi faire devant une fillette en plein milieu de la rue. On rie de nous de toute façon avec cette fillette stupide qui traverse, en panique, l’autoroute pour aller rejoindre sa mère du moins une femme qui selon elle ressemble à sa mère et selon le spectateur une femme qui semble 35 ans plus jeune que la dite mère. L’insulte ne s’arrête surtout pas là, puisque la mère qui a perdue sa fille dans la panique de l’attentat se trouve miraculeusement à côté d’elle, à côté de l’autoroute, là, elle s’inquiétait et en discutait justement avec la police qui dans un cas comme celui-là prend vraiment le temps d’écouter les habitants et leur problèmes.
Vantage Point est donc un film qui s’assume très mal, qui part d’une idée pour jamais la tenir jusqu’au bout, qui pue l’invraisemblance et la malhonnêteté et qui multiplie les clichés inutiles. Dans ce genre de film, les personnages sont secondaire à l’intrigue alors les clichés ne sont que remplissage inoriginal. Le montage est réussi et les acteurs offrent de bonnes performances. En particulier Whitaker même s’il baraguine des conneries, Quaid et Weaver. Fox est sous-utilisé, Ramirez à la gueule de l’emploi et Taghmaoui et Noriega sont égal à eux-mêmes, charmant et relégué au rôle de méchant de service pour le premier et beau et ténébreux pour le second.

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