Saturday, October 31, 2009

Where The Wild Things Are


Le pari avec Where The Wild Things Are fut de créer un film de 100 minutes en adaptant les 22 phrases du livre de Maurice Sendak.

Spike Jonze aura réussi son pari y créant un univers en extrapolant l’œuvre de Sendak. Jonze aidé de Dave Eggars comme co-scénariste, ont donc imaginé la partie centrale du film où Max devient roi des « Wild Things » jusqu’à son retour à la maison, partie centrale qui devient donc la raison d’être du film et par le fait même l’extension du livre de Sendak. Comme si maintenant les deux oeuvres indépendantes n'en devenaient qu'une.

Certains diront que ce film n’est pas pour les enfants, qu’il dépeint une image pessismiste de la réalité enfantine avec ses personnages colériques et plein de sentiments négatifs (jalousie, mensonge, colère, tristesse, deuil, etc) mis de l’avant. Tandis que d’autres diront qu’il s’agit d’une œuvre pour adultes où ceux-ci doivent retrouver leur cœur d’enfant pour mieux apprécier.

Pourquoi ne pas montrer aux touts petits que la vie n’est pas toujours rose et pleine de lilas et d’hirondelles, que les animaux ne chantent pas toujours des chansons d’Elton John ou Phil Collins, que la vie n’est pas rempli que de bons sentiments où la morale, simple et gentille permet d’effacer nos bêtises. C’est justement ce que veux démontrer Jonze et par le fait même Sendak avec Where The Wild Things Are. Les enfants doivent comprendre qu’il n’est pas mal d’avoir ou de ressentir des sentiments négatifs, ils doivent seulement savoir quoi en faire, comment les expurger, comment les confronter, savoir qu’ils ne sont pas des vilains pour désobéir à leur parents, etc. Une chose que l’ami Walt n’aura jamais osé nous faire comprendre mais que la pleurnicharde Passe-Partout s’éfforçait à nous faire comprendre quand elle braillait que son foulard s’était coincé dans la porte de l’autobus.

Est-ce que Max comprend quelque chose à la fin? Peut-être, peut-être pas, mais l’amour de sa mère est encore là et il doit faire face aux conséquences de ses actions. D’ailleurs la morale que le film apporte est justement de purger nos sentiments négatifs et d’y faire face, de les assumer, alors le film pourrait s’adresser également aux adultes qui n’ont pas à « retrouver leur cœur d’enfant » pour ce sentir cibler puisque la plupart d’entre eux n’ont toujours pas appris à exprimer, purger et assumer leurs sentiments vils.

Bien que Catherine Keener et par le fait même Mark Ruffalo, n’est là que pour rendre service à Jonze, sa prestation est touchante. La palme va par contre à Max Records qui sous sa charpente frêle nous donne un Max non seulement touchant, fragile et juste mais d’un naturel incroyable, avec ses grands yeux émerveillés. Il incarne Max dans toute sa vulnérabilité, dans toute sa jeunesse rempli d’étonnement, dans sa complexité et il maitrise les sentiments que Jonze thématise. Jamais il ne fait asser Max pour une petite peste en manque d’attention mais plutôt pour un garçon aux sentiments complexes qui s’égare un peu dans sa sensibilité la croyant malsaine. Jonze est visiblement à l’aise avec les enfants (voir son video pour la chanson Y control)et il dirige Max Records de façon juste, parfaite.

Spike Jonze a su créée un Univers d’une grande beauté malgré la laideur des sentiments, des paysages arides et des « monstres » qui y habitent. Sa mise en scène et son montage énergique (son passé de clippeur lui vient en aide) est au service du monde qu’il a su créer. Where The Wild Things Are est d’une grande franchise face au côté sombre de l’enfance et fait figure d'OVNI dans le domaine du film pour enfants.

Saturday, October 24, 2009

5150 Rue des Ormes


Le cinéma de genre au Québec est plutôt rare, sauf s’il s’agit d’une comédie(Karmina 1 et 2, Bon Cop, Bad Cop, De père en flic). Le film de genre québécois est souvent un sous-produit ressemblant à de la mauvaise série B américaine, que ce soit dans l’horreur/fantastique (Sur le seuil, Grande ourse, La dernière incarnation), l’action (Le Dernier souffle, Transit) ou le thriller (Liste noire, La Conciergerie, Détour, Caboose). Pour l’horreur, il faut se tourner vers les films anglais pour avoir une plus grande originalité ou tout simplement avoir un film qui s’assume (Urban Flesh, End Of The Line, $lasher$ ).

Le cinéma de genre est rare au Québec parce qu’il n’est jamais vraiment réussi, parce qu’il n’est jamais vraiment bon, parce qu’il finit toujours par ressembler à un produit américain avec tout ce que cela comporte de bons et de mauvais côtés.

Il y a quand même eu des réussite au Québec si on pense à La Peau blanche, Dans le ventre du dragon ou même Pouvoir intime, même si ce dernier date de 1987.

5150 Rue des Ormes, ne fait pas exception à la règle, bien qu’il soit à moitié réussi, le côté mou, plate, redondant, soporifique, embarassant est beaucoup plus grand et prend le dessus sur son côté intéressant et efficace.

2e adaptation à l’écran d’un roman de Patrick Sénéchal et pour l’auteur et pour Eric Tessier qui nous avait donné un Sur le seuil assez bancal, peu effrayant et reposant sur les épaules d’un Michel Côté en grande forme au côté d’un Patrick Huard surjouant et bleaché-à-la-Villeneuve, le film multipliait les effets chocs de façon quelconque et tarabiscotait une intrigue religieuse assez insipide pour une finale grand guignolesque assez réussi mais ne justifiant jamais sa raison d’être ou sa monté dramatique pour avoir un peu de sens. Tessier nous avais donné au même moment Vendus, comédie noire, Tarantin-esque/Coen-esque assez honteusement lamentable qui faisait paraître Sur le seuil pour un sacré bon bout de cinéma local. Deux films très différent où les ambitions et le talent de Tessier était visible à l’écran. Il semblait handicappé par des scénarios pauvres et une mise en scène trop zèlée qui manquait de sens et de réalisme.

Tessier reviens, donc, derrière la caméra pour nous faire peur encore une fois dans un thriller plus psychologique qu’horrifique. Il installe dès le début, une ambiance de mystère et la première partie du film fonctionne bien même s’il faut suspendre notre incrédulité à 334% lors de l’élément déclencheur, la scène de capture de Yannick (Marc-André Grondin). La scène est assez risible et est de plus, maladroitement mise en scène au point où on ne peut y croire. Sauf si on veut bien croire que Grondin est un garçon très très curieux (il était curieux avec sa sexualité dans C.R.A.Z.Y. après tout).

Une fois la scène passé, la suite demeure intéressante et mystérieuse, dumoins tout ce qui à trait avec Jacques Beaulieu (Normand D’amours), le psychopathe/père de famille qui séquestre Yannick. Beaulieu semble avoir une mission une raison de commetre ses actes et tout ce qui y touche est curieusement fascinant…

…jusqu’à la 2e partie du film où illogisme, incohérence, raccourci scénaristique, stupidité, rythme saccadé, longueur et surcharge scénaristique prenent le dessus pour transformer le film en pot-pourri qui fini par ne rien sentir d’autre qu’un résumé de livre. La mise en scène qui se voulait au début mystèrieuse et pleine de suspense fini par ressembler à un simili-vidéoclip. On multiplie les images des parents de Yannick de façon symbolique même si on ne connait aucunement le rapport de sa relation avec ceux-ci en ne les ayant vu qu’une seule fois (son père à l’air colérique mais les dialogues nous laisse comprendre que sa mère est alcoolique alors…j'imagine qu'il n'est pas méchant...). Tout à coup, comme ça parce qu’il le faut Yannick sombre dans la folie de façon assez rapide et radicale, souligné par une succession rapide d’images où la pièce dans laquelle il est séquestré se referme sur lui comme s’il faisait une désintoxe à la place de Renton dans Trainspotting. Ensuite, Yannick sombre encore plus dans la folie en faisant apparaître un marqueur noir (c'est pour ça qu'on les appelle magic marker!). Il dessine des échiquiers pour trouver la formule gagnante pour battre Beaulieu au échec (parce qu’entre temps le film s’est transformé de façon artificielle en joute psychologique sous fond de jeu d’échec entre Beaulieu et Yannick), victoire qui lui donnerait sa liberté. Yannick finie par se réfugier dans une pièce blanche où l’on doit comprendre qu’il étudie la psychologie de Beaulieu tel un Bobby Fisher en devenir. Ces scènes sont assez maladroitement amené puisque même Grondin semble surpris de se retrouvé devant un écran vert.

Le récit nous tiens en haleine jusqu’à la 2e partie où un tas d’aneries (suicide, meurtre, tuerie, évasion ratée, évasion semi-ratée, évasion réussi puis ratée) accéléreront le rythme du film sans jamais prendre le temps de bien installer, le suspense, les enjeux, etc… La seconde moitié est donc surchargé au niveau scénaristique et Tessier semble manquer de temps alors il tourne les coins ronds et amènes des intrigues qu’il n’a jamais le temps de développer et garoche une finale décevante où les éléments chocs sont plus écrit et télégraphiés que prenants.

Les dialogues sonnent comme du Shakespeare dans la bouche de D’amours qui se mérite un Jutra pour sa performance. Mais parfois il frôle l’amateurisme (il faut voir la réaction du petit ami de Michèle lorsqu’il découvre qu’elle est la fille du kidnappeur. Une pure merveille!)et sont souvent beaucoup trop explicatif genre : « C’est de ta faute Jacques Beaulieu, si tu ne m’avais pas frappé dans le ventre quand j’étais enceinte ta fille serait normale. » ou « Papa, on a juste à faire comme d’habitude avec les autres que t’as tué. » etc…

Normand D’amours est incroyable dans son rôle de vilain. Il est le psychopathe le plus intéressant du cinéma depuis fort longtemps. Étant complexe dans sa quête de justice, il est un tueur avec une conscience, une mission même si à la fin on l’escamote un peu en lui donnant des actions indignes de son personnage dans une finale précipitée et étrangement non-culminante. Il n’est ni-noir, ni blanc et son personnage pourrait être digne d'un débat sur la question du justicier moderne.

Le reste de la distribution s’en tire plutôt bien avec des personnages stéréotypés. À commencer par Grondin qui bien qu’il soit convaincant, reste le personnage le moins bien écrit. Curieux de façon ridicule au début, il devient passif sans jamais chercher à comprendre ce qui lui arrive et pourquoi. Il n’agit jamais comme l’ado qu’il est supposé être, et jamais l’on ne sens son désir de vouloir s’enfuir. Pas que Grondin joue mal, c’est plutôt dans l’écriture de son personnage que le problème réside. On lui en donne très peu et il semble pris dans les méandres de règlements du thriller 101. Chaque fois qu’il a la chance de s’évader ce n’est que pour créer un suspense où son personnage n’est qu’un déclencheur artificiel. S'il avait une voiture, elle ne démarerait pas.

Sonia Vachon se défend bien mais son personnage est un peu anachronique. Une « Jesus Freak » habitant Montréal en 2009 n'est pas super crédible, dumoins pas si le personnage est aussi caricatural. Heureusement Vachon n’exagère rien et joue dans le ton cette femme soumise à son mari et à Dieu mais dont le destin tragique nous fait questionner sa foi chrétienne. Pour ce qui est de Mylène St-Sauveur qui joue Michèle, la fille ado-rebelle-pleine-de-hargne, n’est pas très convaincante. Elle est la "fille à papa" où celui-ci lui apprend les rudiments du métier de tueur pour qu’elle puisse continuer son œuvre. Elle se contente de bouder, de soupirer et de froncer les sourcils pas qu’on lui en demande beaucoup plus mais elle ne fait pas le poids devant les autres acteurs tous meilleurs qu’elle. Et il ne faut surtout pas oublié la grande contribution de Nicolas Canuel, un habitué du cinéma de Tessier qui nous donne ici sont meilleur rôle en jouant un chauffeur de taxi. Une seule réplique et il disparaît. On l’aime comme ça Canuel, absent de notre écran.

5150 Rue des ormes commence bien mais dévit assez rapidement de son sujet et se perd assez vite dans plusieurs sous-intrigue qui lui fait perdre son suspense et notre intérêt pour ainsi se terminer de façon assez banale puisqu’éssouflé d’avoir couru trop de lièvres à la fois. C’est dommage car le film aurait gagné à être un peu plus resseré en éliminant certaines sous-intrigues ou un peu plus long en developpant les sous-intrigues. De plus, le film nous laisse avec des questions assez importantes : Michèle prendra la succession de quoi si Beaulieu à terminé son projet? Qu’arrive-t-il à Michèle? Mais la plus importante, est-ce que Nicola Canuel ira voir son ami et collègue Jacques Beaulieu à l’asile?

Il en reste une ambiance digne des grand suspense et une bonne maitrise formel de Tessier qui semble en mesure de nous donner quelque chose d'encore mieux la prochaine fois.


Saturday, October 10, 2009


Les films de zombies sont légion au cinéma. Les réussites dans le genre sont minimes comparé à une horde de films de zombies ratés et pourtant chaque année les films de morts-vivants se multiplient tel un fléau. Zombieland se situe étrangement entre le réussi et le raté.

Les plus réussi sont souvent porteur d’un message social (Night, Dawn et Day of the Dead, Deathdream, 28 Days Later) ou ils sont un savant mélange de comédie et d’horreur (Return Of The Living Dead, Shaun Of The Dead, Fido, Brain Dead). Les films ratés le sont pour différentes raisons : budget dérisoire, mauvais scénario, mauvais acteurs, incompétence technique visible, manque de vision, etc… la liste est longue mais elle compte notament les plaisirs coupables du genre (Dellamore, Dellamorte, Burial Ground, Zombie, Dr. Butcher MD).

Zombieland se situe à mi-chemin car le commentaire social qu’il traite n’est qu’en surface et ce, seulement durant les 5 premières minutes. Le côté comédie prend alors toute l’espace et il faut admettre que le film ne se prend pas au sérieux en plus d’être souvent drôle. Dommage que les blagues soient redondantes (les réglements) et télégraphiées. D’ailleurs la plupart du film est prévisible sauf pour ce qui est de la partie centrale du film. Cette partie laisse le film naviguer un peu n’importe où pour rien malgré un certain humour pas toujours réussie mais tout de même hilarant pas son cabotinage.

Rien ne ressort vraiment de cette partie du film si ce n’est qu’un autre revirement prévisible (la 3e fois du film) qui nous ramène de façon un peu forcé et artificiel aux zombies dont on avait oublié l’existence depuis au moins 25 minutes.

Le scénario farfelu est au service de la mise en scène, éfficace et aide le tout à avoir un rythme rapide qui nous fait passer les 88 minutes pour 68.

Woody Harrelson et Jesse Eisenberg forment un duo comique qui se complète. Abigail Breslin force un peu la note. Le film n’est pas aussi cool qu’il croit être mais n’en demeure pas moins un divertissement fort sympathique.