Saturday, February 27, 2010

Shutter Island


Martin Scorsese est un grand fan de série B.

Chaque fois qu’il s’essai au style (Cape Fear) on peut voir son amour pour le genre, sa connaissance approfondi des clichés et des règles. Par contre, chaque fois qu’il s’essaie au style, il en ressort toujours avec un de ses moins bons films.

Peut-être parce que justement il connaît tellement bien les règles et rudiments du genre que son film à plutôt l’air d’un pastiche ou d’une peinture à numéro. Peut-être aussi, comme c’est le cas avec Shutter Island, le matériel est inférieur aux talents de Scorsese. Le scénario, basé sur un roman de Denis Lehane, est assez moyen, si bien que la réalisation béton est en avance sur le récit et du coup, on connaît non seulement les enjeux du films mais également son parcours et ce, après les 18 premières secondes du film. Le film nous traine vers une conclusion qu’on comprend depuis tellement longtemps que l’on ne peut qu’admirer la réalisation et la trouver nettement supérieur au scénario beaucoup trop faible. Les dialogues explicatifs et mystérieux en début de parcours sentent trop le ''je-fais-attention-pour-ne-pas-trop-en-dire-tout-en-en-révélant-beaucoup-trop-parce-que-je suis-sur-mes-gardes-mais-en-même-temps-pas-vraiment".

Il ressort du film un ton « série B policier » des années 1950 où les dialogues explicatifs pourraient être jouissifs si le film avait été fait justement dans les années 1950 ou si Scorsese avait joué le jeu jusqu’au bout en le tournant en noir et blanc et donnant à son film un aura « d’hommage », un peu comme Soderbergh avec The Good German. Shutter Island à l’air d’un film des années 1950 mais tourné en 2010, ce qu’il est, mais du coup, le film paraît un peu naif, puisqu’il semble avoir une sensibilité du passé mais fait avec une mentalité actuelle. Le film a énormément de difficulté a créer la surprise et peut paraître un peu dépassé si ce n’était de la beauté des images et de la maitrise de la réalisation.

Même si la finale est (trop) prévisible, il est tout de même intéressant de voir que l’enjeu du protagoniste est ailleur, que sa quête se termine differement de ce que la finale (typiquement)explicative nous laisse entrevoir et ce malgré l’insistance de Scorsese sur l’image finale, un long plan suggestif pour bien nous faire comprendre la patente, un peu comme la finale de The Departed avec cette image insultante du rat sur la rampe. Soulignons ce qui est évident.

Les acteurs sont convaincants s’ils avaient joué dans un film des années a 1950. Ici, Emily Mortimer, Mark Ruffalo, Ben Kingsley, Max Von Sydow et Patricia Clarkson jouent tous de façon anachronique. DiCapichette, toujours bon, n’a jamais le physique de l’emploi lorsqu’il joue pour Scorsese. Excluant The Departed, il avait l’air trop jeune dans Gangs Of New York, n’avait pas la carrure ni la grandeur requise pour jouer Howard Hughes dans The Aviator et ce malgré l’ajout risible d’une moustache à-la-Beastie-Boys, période Sabotage.

Dans Shutter Island, on peut admirer l’intensité de DiCapichette mais jamais il n’est crédible physiquement. Surtout lorsqu’il donne des ordres à Ruffalo, acteur plus vieux et physiquement plus vraisemblable en policer à redingote et chapeau que ne peut l’être Dicapichette.

Le film se laisse tout de même regarder grâce à une musique ambiante et une atmosphère dérangeante, un effet paranoïde palpable et une mise en images sublime. Scorsese peut faire beaucoup mieux s’il a un meilleur matériel scénaristique. Elle est loin la période plus payante et enrichissante artistiquement du tandem Martin Scorcese-Robert Dinero.

Wednesday, February 10, 2010

Les 7 jours du Talion


Les 7 jours du Talion est une 3e adaptation à l’écran d’un roman de Patrick Sénécal et de loin la meilleure. Il s’agit également de la première adaptation sans les services de Nicolas Canuel devant lacaméra. Autant dire que son absence donne un gage de qualité à l’œuvre. Merci Nicolas!

Les 7 jours du Talion n’est pas un film d’horreur à la Saw, Hostel, Captivity et autre truc gore du genre The Hills Run Red, Eden Lake ou Guinea Pig, films où le seul but est de montrer une suite de scènes dégueulasses pour faire bander les adolescents en manque de sensation forte. C’est que dans ce genre de film le spectateur se fout des enjeux, des thèmes ou du message si message il y a. Tout ce qui compte c’est la « coolité » des images et si la face-de-la-fille-va-se-faire-écrapoute-avec-la-scie-à-chaine-dans-le-compresseur-à-déchets-rempli-de-dynamites-sur-le-haut-d’un-volcan-en-ébullition.

Le film de Podz est loin de tout ça. Même si la violence physique est aux limites de l’extrême, elle n’est jamais gratuite puisqu’elle plonge le spectateur dans les tourments internes de Bruno Hamel, joué magistralement et intensément par Claude Legault. Le spectateur est plongé, grace à une mise en scène froide (un peu trop), dans une joute psychologique intense où la ligne devient mince entre le désir de vengeance, la morale et l’incompétence de la justice.

Les 7 jours du Talion n’est pas un film pour tout le monde mais il a l’avantage de s’assumer du début à la fin et ne cherche en aucun cas à choquer ou provoquer artificiellement le spectateur. Au contraire, il est un film à voir parce que Podz, ne nous fait jamais la morale, parce qu’il agrippe le spectateur ne le laisant jamais indifférent devant les faits et gestes de Bruno Hamel et parce que le film n’est jamais condescendant.

Les dialogues sont au strict minimum et on en apprend plus sur les personnages de cette façon que s’ils avaient parlé sans cesse. Les images aident à sentir la force des personnages ou leur tourment. Les quelques faiblesses du film sont pratiquement effacer par la puissante prestation des acteurs. Rémy Girard est solide même si son rôle de policier est beaucoup trop littéraire. Il est tout de même utile symboliquement. Martin Dubreuil doit se contenter de dialogues Sénécal-esque, comme Grondin dans 5150, rues des Ormes. Des dialogues du genre : « Fuck you, man! » ou « Fuck off, ’stie! » qui relèvent plus du cliché de l’homme séquestré, que de la réalité.

Loin de Ransom ou Death Wish où un homme se fait justice, Les 7 jours du Talion est un film qui a compris les thèmes et enjeux du roman et les transpose à l’écran de façon convaincantes, sans artifices, de façon simple. Les 7 jours du Talion est, on l’espère, le film qui mettra fin au genre « torture porn » qui envahi un peu trop nos écrans.