Saturday, September 12, 2009

1981


Que se passe-t-il avec le cinéma québécois? Tout les films sortie sur les écrans cet été n'ont qu'un but : plaire au plus large public possible et ce au dépend de toutes valeurs artistiques et/ou scénaristiques. Le mot magique est : sympathique. De père en flic, Les Doigts croches, Les Grandes chaleurs et Les Pieds dans le vide, ces films ne racontent rien, ne font aucunement réfléchir sur les thèmes qu'ils abordent ou croient aborder, ne prennent aucun risque et n'apportent aucune réflexion. Ils n'ont aucun but sauf celui de faire rire et/ou de plaire. Ce n'est certes, pas un problème, sauf quand il s'agit de la seule raison d'être du film. C'est un peu court.

1981 fait partie de cette catégorie de films qui au-delà du manque de prétention parce qu 'ils veulent être aimé et n'ont rien d'intéressant à dire, deviennent complètement inutile. Pas que le film soit une perte de temps, mais il n'apporte absolument rien, d'où le sentiment d'inutilité.

Le film raconte le récit pseudo-autobiographique de Ricardo Trogi, réalisateur dont on se contrefout qui a su battir son oeuvre cinématographique sur les relations hommes/femmes, et dont rien d'intéressant, de touchant, de drôle ne lui ai arrivé dans sa jeunesse d'après le film qu'il en a tiré.

Il nous raconte donc avec une narration hors-champs sur un ton naïf à la limite du trisomique, ses mésaventures dans une nouvelle école à la suite du déménagement de sa famille à l'âge de 11 ans. Trogi nous raconte en images, comment son histoire est fade et ressemble à celle de milliers de ti-gars, comment de façon monotone il a vécu une jeunesse normalle, comme tout le monde. Trogi a appris en 1981 que les gens mentent, la vie n'est pas facile et l'égoïsme est mal. Big Fucking Deal. C'est ce qui rend 1981 inutile, cette histoire qui ressemble à celle de tout le monde, avec peu d'originalité, au point où on lui trouve rien d'extraordinaire. Pourquoi raconter la vie de quelqu'un qui n'a vécu rien d'exceptionnel?

Trogi s'y prend de manière artificiel pour nous faire apprécier son film, lui donner un certain sentimentalisme, un certain cachet. Des zoom-ins mécaniques sur des visages larmoyants, du name-droping futile et artificiel pour créer un semblant de nostalgie et ainsi cacher le manque de contenu, une séquence finale sans véritable sens sauf celle de donner un aura de simili-auteur à l'oeuvre, une voix hors-champs à l'humour qui rate sa cible plus souvent qu'autrement, de l'humour anachronique, une séquence de flashback en noir et banc à l'humour forcé en guise d'ouverture, C'est que les idées sont là pour rendre le film amusant et rigolo, mais Trogi ne sait pas comment s'y prendre pour les développer de façon convenable. Son film aurait très bien pu faire un excellent court métrage si on supprime tout le remplissage et les scènes répétitives. je ne crois pas que l'écriture soit la force de Trogi (Québec-Montréal et Horloge biologique sont co-écrit), son récit n'est ni drôle, ni touchant, ni original et pourtant c'est ce qu'il recherche. De plus, l'idée du mensonge et du qui pro quo qui est mise de l'avant dans la bande-annonce, n'est jamais une trame narrative vraiment exploité dans le film. Ce qui aurai donner un film tout à fait différent. C'est comme si Trogi n'assumait pas les idées qu'il met de l'avant ou bien qu'il les surestime croyant que son public embarquera de toute façon dans son récit trop mince.

Par contre, il dirige ses comédiens de façon impeccable. Jean-Carl Boucher et ses copains sont d'un naturel incroyable, Sandrine Bisson dans le rôle de la mère est à la fois drôle et émouvante mais c'est Claudio Colangelo dans le rôle du père qui remporte la palme. Il est d'une justesse incroyable sans jamais être caricatural. Il rappelle un peu le père joué par Zinedine Soualem dans L'Ange de goudron, ce fils d'immigrant qui fait des pieds et des mains pour le bien de sa famille.

Bien que n'étant pas un ratage complet ou une navet et étant plus assumé que De père en flic, 1981 demeure trop léger pour laisser une trace, trop simple et naïf pour être intéressant, pas assez drôle pour être divertissant, trop paresseux pour être original et pas assez prétentieux pour qu'on le déteste (il s'agit tout de même d'une autobiographie terne d'un réalisateur quelconque). Bref, un film qui n'a pas le goût des ingrédients qu'il croit mijoter.