Friday, May 23, 2008

À l'intérieur


Le film d'horreur français est un genre qui fait rire. On imagine très mal le cinéma français donner dans le film de genre puisqu'il maîtrise un cinéma de dialogue, de personnage, de situation plutôt qu'un cinéma d'action. De plus, leur passé cinématographique dans le genre autant policier que d'horreur à été plus souvent qu'autrement risible, plagiant sur le cinéma américain. Heureusement pour eux, ils ont plusieurs réussite dans le genre policier (L.627, Police, Monsieur Hire, Garde à vue, etc) Par contre, leur feuille de route du côté de l'horreur est assez courte. Les diaboliques, La féline et Les yeux sans visages datent des années 1940. Des années 1950 aux années 1980 fut un grand vide jusqu'à ce que quelque titres ressortent durant les années 1980 mais rien de très bon ou digne de mention et ce même si quelques uns ont gagné des prix à Avoriaz. 3615 Code Père Noël de René Manzor fut un retour au genre pour le cinéma français qui s'est estompé aussi vite. Jusqu'à tout dernièrement de jeunes cinéastes s'abreuvant du cinéma d'horreur des années 1970 autant américain (Hooper, Craven, Carpenter) qu'européen (Argento, Bava, Fulci) se mettent à faire éclabousser l'hémoglobine sur les écrans français. Le succès est tel, que même Hollywood vient les recruter pour qu'ils puissent souiller leur réputation.
Depuis Maléfique d'Éric Valette, huis-clos fantastique se déroulant dans une cellule de prison, pas très bon mais assez efficace au niveau du suspense et de l'atmosphère, le genre à de plus en plus bonne réputation dans l'hexagone et dans le monde entier. Valette à pu aller à Hollywood réaliser un remake de One missed call qui selon les dires, est un très beau navet. Alexandre Aja a ensuite réussi à se tailler une place à Hollywood grâce à Haute tension un slasher féminin ultra violent haut en suspense et en hémolobine mais ayant un revirement final qui détruit toute la cohérence du film. Haute tension est hautement surestimé mais il a tout de même permit à Aja de réaliser le remake très, réussi de The Hills Have Eyes et de produire le film P2 en plus d'écrire le scénario. Même chose pour Xavier Gens qui à même réussi à réaliser un film hollywoodien (Hitman) avant même que son premier long métrage ultra violent et stupide, Frontière(s) ne sorte sur les écrans. Tout ces films ont été auréolés de réputations bétons et ce même s'ils ne sont pas à la hauteur des attentes ou tout simplement pas à la hauteur.
Alexandre Bustillo, ancien rédacteur pour Mad movies, et Julien Maury ont, eux aussi, donné dans l'horreur avec À l'intérieur. Mais cette fois, la réputation du film va au-delà des espérances. Bustillo et Maury ont réussi non seulement le pari de créer un vrai film d'horreur mais ils ont élevé le standard autant au niveau suspense qu'au niveau hémoglobine. En plus d'avoir créée un standard pour les films d'horreur à venir, ils ont enfin mis le film d'horreur français sur la carte du monde. Hollywood et les fanatiques de l'horreur ne se tourneront plus désormais vers le Japon ou la Thaillande pour y trouver leur dose de sang, de suspense et de violence. Exit les fantômes et les filles aux cheveux longs noirs dans le visage et au teint pâlotes.
À l'intérieur est un film d'une grande brutalité et d'une rare violence mais contrairement aux films qui mettent uniquement l'accent sur le gore et le sang, Bustillo et Maury ont réussi à créer un suspense et un climat de terreur du début à la fin. La musique omniprésente mais jamais trop présente aide à créer ce climat de terreur angoissant. Les deux cinéastes réussissent à nous surprendre plus d'une fois en évitant certains clichés et en en retravaillant certains autres.
Bien sûr le film n'est pas parfait, il y a toujours dans ce genre de film quelque stupidités commises par des personnages secondaires qui n'ont aucune raison d'être sauf de mourir. Mais cette fois-ci, les stupidités passent sans trop détruire la cohérence du récit et le suspense est tellement haletant que le spectateur oublie très vite les bévues faites par nos deux réalisateurs qui ont, visiblement, un énorme amour pour le genre. Certaines images, dont la scène finale, vous hantent bien après le visionnement du film.

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