Sunday, February 22, 2009

Cadavres


           Chaque nouveau film d’Erik Canuel (avec un K, ça fait Amarikain), nous rappelle à quel point on s’ennuit d’Yves Simoneau. Car malgré la prétention excusable que pouvait avoir Les Yeux rouges ou Pouvoir intime, ils étaient et sont toujours le meilleur exemple de films québécois à l’américaine. Des films solides au suspense habile et joué par des acteurs bien dirigés et ce même si les personnages étaient plus souvent qu’autrement, stéréotypés.
Simoneau avait le talent, dumoins dans ses films québécois et j’inclus Les Fous de bassan, de créer une ambiance ou un ton qu’il savait garder du début à la fin de son film et il savait le faire sans artifice ou utilisation tape-à-l’œil de sa direction photo. On ne peut en dire autant de Canuel.
        Canuel a les mêmes ambitions qu’avait Simoneau dans les années 1980 soit créer un cinéma populaire et je n’ai rien contre, le problème et il est énorme c’est qu’il n’a aucune connaissance du langage cinématographique ou bien même d’un genre cinématographique quel qu’il soit (Nez rouge, comédie romantique ou romance comédique comme le disait Huard à la sortie du film, n’est ni comique ni romantique, pourtant il utilise tous les clichés du genre et Canuel n’a aucune idée de comment les amalgamer)
          Cadavres, sa nouvelle « marde », terme péjoratif pour décrire le film mais qui, ici, est juste vu le contexte du film, est un film(j’utilise le mot « film » à répétition car je ne peux utiliser « œuvre ») qui se rapproche de La Loi du cochon, son premier film, du sous-simili Fargo, du pseudo-plagie-Coen-cinéma. C’est une chose d’aimer les films des frères Coen mais c’en est une autre de penser qu’on leur arrive à la cheville.
         C’est également ce qui est agaçant avec La Loi du cochon et Cadavres, le fait que Canuel s’est clairement inspiré d’un cinéma qu’il adore mais dont il ignore totalement son langage, ses conventions, ses règles. Ce que Canuel perçoit comme bédéesque n’est en réalité que de la caricature. Que ce soit sa direction d’acteur, où il les laisse à eux mêmes, jouant pour certains et cabotinant pour d’autres, des personnages « tellement-weird-que-c’est-cool » (Robitaille, Bégin, Brassard dans Cadavres, Bégin, Marcel, Verreault dans La Loi du cochon, Canuel dans Le Dernier tunnel). Ou bien sa direction photo tape-à-l’œil recherchée mais complètement hors contexte. Car c’est une chose de filmer en plagiant les dernières tendances cinématographique mais il faut que ça ait du sens et du sens, il y en a très peu dans Cadavres. Que ce soit sa scène d’ouverture où l’utilisation du zoom ne sert absolument à rien mais en plus ne reviendra pas dans le reste du film, où bien certains cadrages aux angles biscornus qui encore une fois, ne servent aucunement le propos.
          Il n’y aucune constance dans sa recherche photographique, alors son film part dans tout les sens et Canuel n’a aucune idée comment contrôler son foutoir, n’a aucune idée comment créer un suspense, de l’humour, du drame aussi « trash » soit le sujet. Il oublie des personnages qu’on se contrecrisse et amène maladroitement des sous-intrigues qu’il conclue de façon tout aussi maladroite laissant le spectateur béat devant tant d’inepsies mal contrôlé. Le style passe avant la substance mais encore faudrait qu’il la comprenne cette substance ou au pire qu’il l’enterre tel un sous-Tony Scott en utilisant une suranbondance constante de style autant dans sa photo que dans son montage pour que le spectateur ne se rende pas compte des failles du film.
        Mais Canuel n’en a que faire des failles de son film puisqu’il ne comprend rien au cinéma. Il se contente de filmer tout croche des acteurs qu’il ne dirige pas pour ensuite monter son film sans aucun rythme. Ça donne le temps au spectateur dans les scènes plus longues ou disont moins-rythmées de s’apercevoir que son humour noir est complètement inéficace, que ses dialogues ratent la cible en plus d’être monotones et que toutes les subtilités du scénario sont amenées de façons tellement quelconques qu’on croirait que Canuel est gêné juste au cas où il ne les comprendrait pas lui-même.
         La conclusion inévitable du film est une conséquence de son manque de jugement et de compréhension cinématographique, scénaristique et artistique. On ne peut pas faire n’importe quoi sous prétexte que c’est « fucké ». J’ai foie en l’humanité et je crois que les spectateurs ne sont pas aussi cons.
         Si Canuel me lisait, il dirait probablement que je suis jaloux. Ce n’est pas le cas, qu’il fasse des films de genre à l’américaine, je m’en fous, le problème c’est qu’il ne s’est pas comment si prendre et il accouche de films qui ont toujours tous les défauts des mauvais films tout en ayant aucune valeur cinématographique d’un point de vue autant artistique que du point de vue du divertissement.
       On m’avait dit que Cadavres n’était pas pour tout les goûts, ce qu’on a voulu dire c’est qu’il n’est pas pour les gens qui ont du goût.

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