Tuesday, March 12, 2019

Réflexions sur de la cinématographication


Satan’s Little Helper : Jeff Lieberman a connu un certain succès culte en 1977 avec son film de hippies-sur-LSD-mais-pas-vraiment Blue Sunshine (qui est aussi devenu le nom d’une compagnie de distribution de films cultes en DVD-Blue Ray). Puis ensuite 2 autres films dans les années 1980 puis c’est tout. Lieberman revient donc au cinéma et aux films d’horreur avec ce Satan’s Little Helper après un hiatus de 16 ans. Je ne sais pas ce que Lieberman à fait pendant ces 16 années mais il semble avoir perdu la main pour le 7e Art. Satan’s Little Helper est certe, un film au budget modeste, mais en aucun cas un film de ce genre dans les mains d’un réalisateur qui en a vu d’autres peut avoir l’air aussi incompétant. Si c’était un 1er film, je comprendrais un peu et même si Lieberman n’a pas une carrière de 15 films derrière la cravate, Blue Sunshine sorti 27 ans plus tôt a beaucoup plus l’air d’un vrai film de cinéma. Ici, tout est approximatif, les éclairages, le montage, la direction photo, les cadrages, on croirait presqu’un film de CEGEP mais avec du budget. L’idée de départ est sympathique mais extrêmement casse-cou : à l’Halloween, un enfant croit que le copain de sa sœur est déguisé en Satan alors qu’il s’agit d’un tueur qui peut sévir sans se faire prendre puisque, tsé, c’est l’Halloween. Lorsque l’enfant s’aperçoit de son « erreur sur la personne », il prie à Dieu au moment même où le tueur troque son costume de Satan pour celui de Jésus. C’est extrêmement difficile de nous faire croire que l’enfant est aussi crédule, sur une aussi longue période de temps (tout le film) surtout quand les dialogues et l’acteur en question ne sont pas très bons. C’est un croisement entre un film tourné pour la télé, un Conte pour tous et un film d’horreur mais un très mauvais croisement.


Climax : Au-delà de la technique, je n’ai jamais compris ce que les gens appréciaient du cinéma de Gaspar Noé (ok la violence mais un moment donné…). Plus il fait des films et plus j’ai l’impression que Seul contre tous reste sont meilleur, parce que c’est celui qui n’essaie pas d’en mettre plein la vue avec ses long plans séquences, ou ses éjaculations en 3D et c’est celui qui semble moins prétentieux et plus étoffé au niveau du récit. Je peux apprécier un film dont l’histoire est simple et\ou mince mais c’est la crisse de prétention qui me dérange : Les phrases écrites à l’écran pour nous expliquer la morale de façon pseudo-philosophico-immature comme si Noé venait de découvrir les grands philosophes du monde et qu’il essayait d’éblouir le spectateur, les plans séquences qui ne deviennent que de l’esbroufe, des plans séquences qui deviennent plus imposants que la morale ridicule du film au point où l’on se dit : tout ça pour ça, des influences tellement évidentes que ses films deviennent des pastiches, etc… Les influences de Climax se retrouvent tout au long du film, certe mais également au début du film pendant la scène des entrevues : d’un côté les films imités par Noé de l’autre des livres de philosophie qui l’aideront à nous donner une morale à 3 piasses (l’homme est un loup pour l’homme ou une variante de ça, la morale préférée de Noé). Et ces influences sont les même de film en film et il les parsème à gauche et à droite (une affiche de 2001 dans Irréversible, le film préféré d’Electra dans Love est 2001, Enter the Void est basé sur 2001). Noé n’emploie aucun acteur professionnel que des danseurs alors ça donne ce que ça donne au niveau du jeu des acteurs par contre il utilise Sofia Boutella, la seule vraie actrice qui bizarrement est la pire du lot et ancienne danseuse qui bizarrement aussi et la pire du lot. J’ai toujours eu l’impression que Noé était un ado qui se cache derrière des concepts usés mais qui dans le fond, ce qu’il veut par dessus tout c’est nous montrer du sexe et de la violence parce que c’est ça qui lui donne un semi-croquant. Le reste c’est juste un emballage pour donner l’illusion que c’est très profond. 


Avant qu’on explose : Peut-être que je me trompe mais lorsqu’on parle de films pour ados, on parle surtout de cinéma américain et encore plus dans le genre du film de dépucelage. Ce serait, et c’est là que je me trompe peut-être, oublier que Porky’s et Meatballs les deux précurseurs et possiblement premiers films du genre, sont canadiens. Il est donc normal qu’Avant qu’on explose, un film dans la même lignée soit une totale réussite, puisque Canadien. Serait-il possible que ce soit le genre dans lequel on excelle le mieux ? Parce qu’on s’entend Pee-wee 3D, Ressac ou 1:54, c’est soit trop moralisateur, soit trop adulte ou soit trop con pour les ados.
Avant qu’on explose prend le chemin habituel du genre pour finalement toujours nous surprendre en allant dans une autre direction pas tant à l’opposé mais juste une p’tite affaire à côté de nos attentes. L’humour fonctionne, les acteurs sont excellents (même Monia Chokri n'a pas l'air de sa version 2.0 de Pascale Bussière), ce n’est jamais trop cul-cul, juste assez sweet et y a une toune de The Cure, que demandez de plus. En fait, je sais ce qu’on aurait pu demander de plus, un peu plus de folie, je m’explique. Il y a un côté très Steve « Savage » Holland (Better Off Dead, One Crazy Summer) au film et j’aurais aimé un peu plus de cette folie comme avec l’Orchestre par exemple ou un peu plus de course à moto. Bref, je chiale pour chialer Avant qu’on explose est très bien comme il est.


Mon Ami Walid : On doit mettre une chose au clair, en 2019, lorsqu’un film auto-produit que ce soit ce Mon ami Walid ou Wolfe sortie il y a peu de temps, arrive sur nos écrans, il faut arrêter de le défendre en disant : il n’y a eu que 10 jours de tournages. Parce qu’en 2019, le micro budget d’un film et la petitesse de l’horaire de tournage n’ont rien à voir avec les carences techniques du film (quoique Wolfe était parfois risible dans sa réalisation). Ce n’est pas le côté technique du film qui aura des lacunes puisqu’on peut tourner un film en 10 jours avec beaucoup ou très peu d’argent(même Climax à été tourné en 15 jours et techniquement, c'est impressionnant). De toute façon, un film tourné en 10 jours peut avoir 656 jours de post-production (montage, mixage, effets spéciaux). Alors le tournage en 10 jours ou en 60 jours ne change rien à un film tant et aussi longtemps que le scénario est bon. Parce qu’un film comme La Run, on peut excuser le manque de moyen au niveau technique mais c’est tout le reste qui fait de lui un film assez solide malgré tout, même chose pour Impasse par exemple, mais Mon Ami Walid, lui, est une marde. Jamais on ne rit dans ce foutoir à caméos où les scènes s’étirent inutilement pour nous faire perdre patience. Certains diront que c’est le but mais pour que ce soit réussi, il faut connaître les codes du cinéma, ici les codes de la comédie, ce qu'Adib Alkhalidé ne comprend pas. Et c’est étonnant puisqu’il vient du milieu de l’humour. Les parties dramatiques sont plus réussies que celles humoristiques mais les parties dramatiques ne vont nul part. Le film ne semble jamais trop savoir où il s’en va et où il veut nous amener. On prétend vouloir traiter du suicide avec humour alors qu’on ne fait pas grand cas de la tentative de suicide de Walid. On prétend vouloir nous montrer l’amitié entre un Walid taciturne et un Antonin (joué par Julien Lacroix plus détestable que jamais) verbomoteur alors qu’ils ne finiront jamais amis. Puis cette finale un peu WTF qui semble plus un ratage des intentions de départ et d’un manque de vision que d’une réelle conclusion. Tout ça est très dommage, car l’effort est louable, l’idée de sauter dans le vide et s’auto produire est un énorme risque. Et je peux comprendre Alkhalidé de ne pas avoir voulu patienter que les institutions lui donne l'argent pour son film dans 6 ou 8 ans, je peux comprendre l'urgence du message qu'il veut passer et financer lui-même le film. Mais quel est-il ce message? Qu'avait-il de si pressant à nous dire? En voyant Mon ami Walid on se le demande. Le scénario de ce film est une bouse et le manque de cohérence dans la ligne directrice du film n’aide en rien. D’autant plus, que de croire que Julien Lacroix qui vomit une diarrhée de flu de mots est drôle nous prouve deux choses 1)Lacroix peut être drôle à courtes doses sur le Web sans plus et 2)On a vite fait le tour de son répertoire. Évidemment la moitié de la salle crampée à chacune de ses répliques ne serait pas d’accord. Mais si entendre sacrer à tout les 2 mots est votre idée d’humour, vous serez charmé.


Rift : Filmé comme un cul, le filme looke comme de la marde. Tout ça commence avec une scène de sexe dont on n’est pas sûr si c’est un viol ou si c’est supposé être cool et amusant. Puis on comprend qu’il s’agit d’une prostituée puisqu’elle porte toujours sa brassière et sa culotte. Elle meurt. Basé sur une histoire vraie qu’il est ensuite écrit à l’écran. Tout ça à du sens me dis-je. Il y a des scènes tellement incompréhensibles que c’est difficile de croire qu’elles sont basées sur une histoire vraie. La protagoniste passe la moitié du film dans une chambre noire en train de développer des photos et de parler dans une enregistreuse, tout ça est très 2011 (l’année de production du film). Je me souviens en 2011 quand mes amis photographes passaient leur temps dans des chambres noires. Vivement l’arrivée du numérique pour que je puisse enfin retrouver mes amis.


Gaston Lagaffe : Pendant les premières 12 secondes du film on se surprend à entrer dans un univers bédéesque assez près de la BD de Franquin avec des couleurs criardes et des décors colorés également. On se demande en fait, pourquoi la fille de Franquin à renié le film basé sur l’œuvre de son papa. Puis arrive la 13e seconde et on comprend tout : une histoire (mal) adapté au 21e siècle, de l’humour absent pendant environ 93 minutes sur les 85 que durent le film, des acteurs qui cabotinent comme c’est pas permis, un Gaston Lagaffe plus amorphe et stupide que débrouillard et paresseux, etc…


Tremors The TéVé Série : J’ai été étonné d’être surpris de voir qu’on avait fait une autre suite (une 6e !!) à Tremors, le film culte de 1990. Mais la surprise était encore plus grande quand j’ai vu qu’on avait fait également une série télé. Possiblement tourné pour une chaine spécialisée très pauvre, Tremors The TéVé Série demeure dans le ton des films mais avec des effets spéciaux rares mais surtout tristement mauvais. Tournée en 2003 on croirait qu’il s’agit d’un truc sorti en 1992 tant tout semblait avoir déjà mal vieillie avant même d’être passé à la télé. Pas étonnant que la série n’a eu qu’une seule saison. On a droit à des apparitions de Michael Rooker, Vivica A Fox, le dude qui fait le beauf dans Breaking Bad et Christopher Lloyd qui joue possiblement le même personnage que dans le remake de Pirahna. Pour fans seulement. Ou pour les gens qui ont beaucoup de temps à perdre.


Mandy : Mandy c’est le vrai retour de Nicolas Cage, il s’investit à fond dans un film pour la première fois depuis Honeymoon In Vegas.  Dans une orgie de néons rouges, de gore, de psychédélisme et d’ambiance malsaine, Nicolas Cage prend son temps (le réalisateur joue avec la patience du spectateur, ce que son papa ne faisait jamais à l’époque (Rambo 2, Tombstone, Leviathan)) pour venger la mort de sa femme aux mains d’une secte de hippies. Cage se forge une hache, se remplie le nez de cocaine et part couper les têtes, une à une, des meurtriers. On a même droit à la meilleure bagarre de tronçonneuses depuis Motel Hell en 1980, c’est dire qu’il était temps qu’on revoit ça, les bagarres de tronçonneuses.


The Devil’s Double : Pauvre Michael Jackson ! Avec tout ce qui lui arrive post-carrière en ce moment on ressort la vieille question : Peut-on séparer l’oeuvre et son créateur.
Dans ce cas, les 300 chansons de Michael versus son amour pour les p’tits pénis des p’tits garçons. Dans le cas de Lee Tamahori, le réalisateur de Devil’s Double, sa carrière hollywoodienne (après le triomphe peu mérité de Once Were Warriors) versus le fait qu’il aime se déguiser en femme et faire des pipes aux passants dans les ruelles de L.A. (il s’est fait arrêter après avoir essayé de fellationner un policier undercover). The Devil’s Double est par ailleurs le premier film réalisé suite à son arrestation et il n’est pas surprenant de voir qu’il ne s’agit pas d’une production américaine mais européenne. Je dois admettre qu’on en sort divertit de ce film relatant l’histoire vraie de la doublure du fils de Saddam Hussein, un jeune homme qui n’aimais que le sexe, la drogue et les voitures, en plus des très très jeunes filles (comme quoi tout les désaxés sexuels sont les mêmes). Même si le film comporte beaucoup trop de violence et beaucoup trop de sexe gratuit (les mononcles vont se rincer l’œil en voyant Ludivine Sagnier nue) la force du film réside dans la performance double de Dominic Cooper. Cooper est un acteur que j’aime mais il n’a possiblement pas la carrière de son talent et le bide que fut The Devil’s Double ne l’aide en rien. Contrairement à plusieurs autres performances doubles du genre (Van Damme dans Double Impact, Jeremy Irons dans Dead Ringer, Van Damme dans Maximum Risk, Tom Hardy dans Legend, Van Damme dans Replicant), celle de Cooper se démarque puisque les deux personnages malgré leur ressemblance (c’est le même acteur, tsé) sont à l’opposé et Cooper les joue de façon totalement différente. En fait, sa performance est possiblement la seule raison d’apprécié ce film.


Police Story 2013 : Non, ce n’est pas le 2013e film de la série, c’est seulement une suite pour nous dire qu’en 2013 les choses ont changé, ce n’est plus comme en 1985. Et c’est vrai que les choses ont changé, Jackie Chan est rendu vieux et c’est ce qu’essaie de nous dire le film. Fini le temps où l’on s’amusait en suivant Jackie détruisant des bidonvilles ou des centres commerciaux, le suivant en train de s’agripper à un autobus avec un parapluie, maintenant il est vieux, il se fait battre par des brutes, il a perdu tout sens de l’humour, il est vieux et cynique et en plus, il est vieux. Les choses ont aussi changé au niveau du sous-titrage. Jadis, on comprenait, avec des phrases complètes qui se tiennent apparaissant au moment où le personnage ouvrait la bouche, Police Story 2013 se fout de tout ça, les phrases mal orthographiées et mal grammairées apparaissent un peu n’importe quand ce qui rend la lecture désagréable mais la compréhension du récit encore plus. Mais les choses ont surtout changé au niveau de la technique cinématographique. Jackie Chan avait l’habitude de bien mettre en scène ses combats et ses cascades. Ici, on utilise la méthode Besson où tout est mal orchestré, filmé de trop près et surtout n’importe comment (on arrangera ça au montage). Alors on essaie de comprendre ce qui se passe en ajustant notre rétine à chaque scène puisque tout est filmé-monté tout croche. Un peu comme si Pierre Morel s’était chargé de tout. On y va également de ralentis interminables comme s’ils avaient été inventé il y a 2 semaines. Je n’ai rien contre les ralentis mais lorsqu’ils servent à rien, c’est un peu redondant et lorsqu’ils sont trop longs c’est qu’on ne comprend pas leur fonction. Police Story 2013 est remplie de « je ne comprends pas cette fonction ».




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