La fin de l’année apporte toujours son lot de top 10, etc… C’est inévitable. Mon problème avec les top 10 c’est qu’ils se ressemblent tous. Rarement voit-on autre chose sur la liste que ce qu’on a vu sur la liste d’un autre journaliste/blogueur/critique/personne importante. Les gens qui font ces listes sont tellement convaincu qu’ils sont en train de refaire le monde à leur image qu’ils ont peur de passer pour des idiots s’ils omettent quoique ce soit qu’un « compétiteur » a pensé avant lui. C’est ce qui fait que toutes ses listes se ressemblent. Cette volonté d’avoir l’air important, d’avoir l’air intelligent, d’avoir l’air crédible. On s’en fout, pourquoi ne pas y aller avec le cœur, avec nos goûts personnels. Si je n’aime pas Karkwa ou Mister Valaire, si je me fous de Kanye West ou Eminem pourquoi me forcerais-je à les mettre sur ma liste. Pour me donner l’air d’être un mélomane accomplie? Tout cela est beaucoup trop académique. Où est passer l’amour? Où est passé la passion? Où est passé ce besoin de faire découvrir aux autres nos propres découvertes?
Mon plaisir avec ces listes de fin d’année c’est justement d’y découvrir de nouvelles choses, des disques qui me sont passé sous le nez pendant que je regardais ailleurs. Approffondir mes connaissances inconnus. Jouir d’une découverte mineure mais dont je vais écouter pour les 5 prochaines années. Dans dix ans, on se remémorera l’album de Karkwa en se disant : Shit! Ça c’est un bon album! Un bon album, certes, mais un album que l’on écoute une fois par année, peut-être moins. J’aime mieux me concentrer sur des albums moins parfait mais dont je vais avoir à l’oreille une fois par jour pour les dix prochaines années avec le même enthousiasme, la même fougue, le même sourire sur mes lèvres.
Alors en quoi mon Top 10 est meilleurs que ceux des autres? Il ne l’est pas. Je n’ai pas la prétention d’être un critique. Je suis un amoureux de musique qui malgré le fait qu’il ne sait pas écrire, désire faire découvrir à mes 5 lecteurs ce qui m’a touché, marqué et hanté en 2010. Rien d’académique, rien de prétentieux, juste des choix guidés par mes goûts personnels et non un semblant de vouloir démontrer ma domination sur le reste de la planète.
Dans aucun ordre précis.
1-Alexandre Belliard : Des Fantômes, des étoiles
Avec Eric Goulet à la réalisation, Alexandre Belliard n’est pas meilleurs, il reste le même mais il est plus cohérent et accouche d’un album traitant de mort, chagrins et regrets. Goulet l’aide à trouver un fil conducteur. Belliard, lyrisiste sensible et honnête, avait l’habitude de s’éparpiller sur ses galettes précédentes mais démontrait un énorme potentiel qui ne pouvait que culminer vers ce Des Fantômes, des étoiles, album où plane, justement, des fantômes, mais où l’espoir n’est jamais loin. Belliard ne s’appitoie jamais sur la tristesse de ses textes, au contraire, il les rend beau, planant, dansant même. Sa reprise de I Don’t Wanna Grow Up de Tom Waits est remarquable par sa simplicité.
2-Adam Haworth Stephens : We Live On Cliffs
Parce que Two Gallants, son groupe, s’est dissout, Stephens se lance en solo avec cet album qui ressemble heureusement à une prolongation de ce qu’était Two Gallants. Muni de sa guitare, son harmonica et sa voix nasillarde-écorchée, Stephens se permet l’ajout de cuivres, de voix féminines et de violons pour éviter les comparaisons, éviter la redite mais surtout pour tâter de nouveaux horizons avec sa folk aux textes d’une franchise rare. Stephens écorche et creuse où ça fait mal, ce qui lui donne une maturité et une intensité le mettant dans une classe à part.
3-The National : High Violet
Parce que la barre était haute après Alligator mais surtout Boxer, The National arrive avec un album qui déçoit à la première écoute. Comme s’ils étaient revenue à un son plus expérimentalo-machin de Sad Songs For Dirty Lovers, leur pire album. Mais après une seconde écoute, les chansons s’incruste petit à petit dans les veines et on finit par les vivre intensement. Mettant les guitares en (très) très arrière plan et profitant du talent de leur batteur, les chansons de ce 5e album sont entièrement dirigées par le martèlement de la baterie. Peut-être un album moins accessible que Boxer mais leur album le plus aboutit.
4-The Parting Gifts : Strychnine Dandelions
Parce que Greg Cartwright est le dernier des punk-rockers romantiques, parce que tout ce qu’il touche devient de l’or (sauf le EP des Detroit Cobras), parce qu’il est le rocker de 50 ans le moins connu et le plus sous-estimé et parce qu’il continu de nous faire taper du pied en fouillant dans son invidable sac à riffs. The Parting Gifts est la rencontre entre Cartwright et Coco Hames du groupe The Ettes. Cartwright quitte donc ses Reigning Sound l’espace d’un album et il accouche de ses meilleures compositions depuis fort longtemps. Son meilleur album depuis Too Much Guitars!
5-Fabienne Delsol : On My Mind
Parce qu’April March a eue besoin de Tarantino pour se faire connaître au moment où elle ne faisait plus dans le rock-yéyé-français-en-anglais, Fabienne Delsol est arrivée à la rescousse. Quant March est devenu plus électro-machin avec Burgalat, Fabienne, elle, a quitté son groupe The Bristols pour faire carrirère solo et remplacer March. On My Mind, le 3e album solo de Delsol, est son plus aboutit, son meilleur, Passant facilement d’une chanson en français à une chanson plus surf en anglais tout en gardant le même aplomb, la même fougue et la même énergie, Fabienne rockera le mur de mes oreilles pour encore des années.
6-The Black Keys : Brothers
Pour leur 6e album en 8 ans, The Black Keys ont gardé le côté expérimentalo-machin de leur effort précédent (Attack & Release, le soundtrack pour la biopic de Ike Turner qui n’a jamais vu le jour) et ils sont revenu à leur son du début pour créer l’ultime album. Leur meilleur depuis Rubber Factory. Ils ont su se réinventer et ont accouché d’un album intemporel où le soul, le blues et le rock s’amalgament de façon puissante et presque érotique. Probablement le meilleur album de l’année.
7-Three Mile Pilot : The Inevitable Past Is The Future Forgotten
Armistead Burwell Smith IV quitte l’espace d’un album le confort de Pinback et Pall Jenkins fait de même en ce détachant pour un instant de The Black Heart Procession et joignent leurs forces pour le premier album en 13 ans de Three Mile Pilot. Probablement le plus pop et accessible, The Inevitable…. est remplie d’excellentes mélodies assombrient par la voix et les textes noirs, tristes, pessimistes et nihilistes de Jenkins. Ils ont amalgamé la sensibilité et la force de leur groupe respectif pour créer un l’ultime album que l’on n’attendait plus. La continuité de Another Desert, Another Sea, datant de 1997.
8-Wolf Parade : Expo 86
Pour une raison inconnue et injuste, on dirait qu’on n’attend plus rien de Wolf Parade depuis son Apologies To The Queen Mary. Ce qui est bien dommage parce que d’album en album Wolf Parade se solidifient et rockent la face du monde, dumoins ils rockent ma face et elle est très difficile à rocker, ma face.
9-The Thermals : Personnal Life
Parce qu’après Fuckin’ A, The Thermals devaient se réinventer et c’est ce qu’ils ont réussie avec chacun des 3 albums qui ont suivie. Personnal Life est une bonne surprise et voit le groupe de Portland continuer sur sa lancée. Du punk-rock gentil mais efficace qui nous fait taper du pied tout au long de cet album concept traitant de relation(s) amoureuse(s).
10-The Walkmen : Lisbon
Avec la bourde qu’avait été A Thousand Miles Off, leur 3e album, The Walkmen ont su se réorienter sur You & Me, l’album suivant. Lisbon est la continuité de You & Me. Même s’il n’a pas la puissance mélodique et lyrique de celui-ci, Lisbon en est l’abouttisement et puise ses qualités dans la force tranquille de ses chansons remarquables.
Mentions plus qu’honorables :
11-Mary Gauthier : The Foundling & Nina Nastasia : Outlaster
Deux albums trop personnels, trop noirs et trop intenses. On a mal à les écouter mettre leurs âmes à nues. Gauthier y traite de l’abandon de sa mère pour l’orphelinat et ses retrouvailles plus que décevante avec celle-ci 40 années plus tard. L’album est franc, sincère mais trop personnel. Nastasia, égale à elle-même, traite de ruptures amoureuses dévastatrices. Les deux artistes folk-country nous ont données leur 6e album cette année.
12-The Beatdown : The Beatdown
Parce que suite à la dissolution du One Night Band, Alex Giguère, chanteur, guitariste et compositeur du groupe n’a pas chômé pour y donner une suite. Parce qu’après la sortie de l’abum le groupe est partie sur les routes du Canada et de l’Europe pour célébrer leur ska-reggae avec le reste de la planète. Parce qu’ils le font sans l’appui des journaux locaux qui se contrecrissent bien d’eux puisqu’ils ne sont pas amis avec Malajube ou Meta Gruau. Parce que je n’aime pas le ska-reggae et que The Beatdown, sans me convertir, on réussi à me faire taper du pied.
13-The Intelligence : Males
Presque qu’un an après la parution de Fake Surfers, la bande nous arrive avec Males, sa continuité. Remplie de perles rock efficaces, The Intelligence est sur le bon chemin pour nous pondre leur chef-d’œuvre très bientôt.
14-Buddy MacNeil & The Magic Mirrors : Help Me, Mama!
Parce que ce EP de 4 chansons nous fait patienter jusqu’au printemps pour la sortie du premier LP.
15-The Soft Pack : The Soft Pack
Album un peu surestimé mais tout de même très bon grâce à son habille mélange de rock garage et de surf. Il est une galette prometteuse pour la suite des choses.
16-David Tétard : J’ai toujours rêvé d’être un groupe rock
Même si la poésie de Tétard laisse parfois à désirer (J’évolue comme je pisse/pas très loin, pas très lisse) force est d’admettre qu’il est capable de créer de bonne mélodies rock et que son écriture peu parfois être très honnête(T’as pas tirée le bon numéro/je suis si loin d’Al Pacino/Je suis et ce sans me vanter/D’une affligeante banalité), se donnant souvent le rôle du salaud (Je te fais boire à la tasse/attendant que tu te lasses, Moi j’ai préféré, ma belle/Me montrer cruel) et démontre une sensibilité masculine rare quoiqu’un peu maladroite. Pour sa 4e galette, Tétard évolue en terrain connue et ce n’est pas forcément un défaut.
17-Spoon : Transference
Parce qu’ils savent se réinventer à chaque fois, la bande de Britt Daniel nous arrive avec un album qui ressemble plus à une compilation de B-sides, de démos ou de maquettes de chansons non terminées que d’un réel album. Mais c’est là que réside la surprise sur Transference, le 7e album du groupe. Chaque fois qu’on a l’impression qu’une chanson s’en va dans un sens, elle change de rythme ou se termine abruptement laissant croire qu’elle n’est pas terminée alors que bien au contraire, c’est à ce moment précis qu’elle doit s’arrêter. La barre était haute apràs Ga Ga Ga Ga Ga mais Spoon s’en sort très bien avec sa coolité habituelle.
18-Arcade Fire : The Suburb
Arcade Fire ont réussi avec The Suburb, l’impossible. Ils ont créé non seulement un album concept réussie et non-prétentieux mais leur 3e album est probablement le meilleur album de l’Année après celui des Black Keys. On les attendait avec une brique et un fanal. Nétant pas un fan, je sais que je n’écouterais pas cet album très souvent mais je dois admettre que c’est du très très solide. Bravo!
19-Raphaël : Pacific 231
Pas la claque au visage qu’avait été Caravane il y a quelques année, Pacific 231 est un retour en force pour Raphael. Après un mauvais Je sais que la terre est plate, on a cru à un feu de paille mais voilà que le jeune français nous prouve que non et c’est tant mieux. Autant pour lui que pour nous.
20-Black Francis : Nonstoperotik
En laissant tomber ses Catholics et en revenant avec son pseudonyme des années Pixies, Frank Black (aka Black Francis aka Charles Thompson) nous avait donné avec Blue Fingers son meilleurs album post-Pixies. Entre Blue Fingers et l’abum de Grand Duchy, le projet avec sa femme (très bon), Black nous sert Nonstoperotik, un album assez intimiste mais très puissant. Parce que les gens qui souffrent d’embonpoint font l’amour aussi!
21-The Greenhornes : ****
Pour leur premier album en 8 ans la bande à Craig Fox déçoit un peu. Peut-être parce que Dual Mono, leur dernier album, est un chef-d’œuvre de groove rock garage et que la barre était donc un peu trop haute. Peut-être que le quatuor devenu trio a dû se réinventer tout en gardant leur style 60’s. On attend le riff qui tue alors qu’il n’arrive jamais. Une bonne écoute mais une grosse coche en-dessous de Dual Mono.
22-Gigi French : Canelle & JimmyHunt : JimmyHunt
La dissolution des Hot Springs voit Gisèle Webber partir en solo tout comme la dissolution de Chocolat voit Jimmy Hunt revenir lui aussi en solo. Même si Gisèle se réinvente en chanteuse française d’une autre époque force, loin du rock des Hot Springs est d’admettre que ces deux artistes sont beaucoup plus à l’aise en solo. JimmyHunt nous rappelle Ferland, Férré avec une touche folk intimiste. Il se classe à part dans la résurection de la scène folk montréalaise. Gigi French quant à elle, réussi à amalgamer le jazz et la chanson française, style Piaf, en créant quelque chose d’originale.
23-Tiff Merrit : See You On The Moon
Je ne suis pas un fan mais je la respecte beaucoup. Tiff Merrit nous a donné son meilleur album cette année et elle continue de trainer son folk-country à travers l’Angleterre et les USA, pays qui l’apprécient plus que nous au Québec.
24-Strange Boys : Be Brave
Avec leur 2e album, The Strange Boys continue de ressembler aux petits cousins des Black Lips ayant été à l’école de Dylan.